le chien de Mao by le chien de Mao

le chien de Mao by le chien de Mao

Auteur:le chien de Mao [Mao, le chien de]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-10-17T18:44:55+00:00


Quand même il paraît nécessaire que Mao se manifeste davantage. Rendez-vous est pris à Hangzhou où Mao leur réserve un accueil amusé :

— Vous venez me dire ce que je dois penser ? Vous voulez ajouter des fioritures, quelques chiures de mouches ? Si cela vous occupe…

Alors cette vieille carne de Jiang Qing se fait tout amour pour implorer Mao de rédiger un message sublime qui soit source d’inquiétude pestilentielle pour les profiteurs du Parti, mais qui rassure les purs et les bons.

Tandis qu’elle parle, Jiang Qing regarde Mao. Sa maladie de Parkinson, son souffle pourri, ses malaises, ses somnolences… Et pourtant, c’est un dieu, un dieu un peu tombé dont elle veut faire le Dieu Tout-Puissant, le Dieu qui remplira le monde. Ensuite, qu’il meure vite, en lui laissant son héritage. L’amour dans tout cela ? Kang Sheng et elle se sont aimés à leur manière, maintenant ils ne sont plus que des partenaires associés dans une immense aventure. Au fond elle le hait et sans doute la hait-il. Quant à Zhang Chunqiao, il n’est qu’une tenaille pour saisir le pouvoir, l’arracher, le tordre dans son sens, vers elle. L’amour, ce qu’il soulève en elle de détestation…

Jiang Qing poursuit son discours. Elle en est arrivée au Parti honni, contre lequel elle se révélera le flambeau de la Révolution. Sa voix se répercutera sur toute la Chine et ses mains ne trembleront pas lorsqu’il faudra tenir un couteau. Que pense Mao de cet enthousiasme ? Il n’a rien dit. Mais Kang Sheng et Zhang Chunqiao, l’un comme l’autre, ont sermonné Jiang Qing : le temps n’est pas encore venu des grandes envolées, des anathèmes, des invectives et des malédictions ! Qu’elle ne pousse pas Mao à la faute ! Qu’il apparaisse seulement comme un géant excellent qui s’était assoupi et se réveille en grognant que la Révolution a été trahie, que l’on tolère l’égoïsme affreux, bien dans la « ligne » du conformisme maudit, celui du dogme ; que tout dogme est mortel. En l’entendant, des millions et des millions d’êtres qui se sont galvaudés et se sentent déçus dans leur générosité deviendront des rebelles. Il ne s’agit pas d’appeler au meurtre mais de convaincre. Convaincre. Un mot qui annonce les grandes rectifications, les cadavres, les mers de sang, mais nul n’y songera.

Mao s’attelle à ce message de duplicité qui devrait être pour lui un jeu, mais il n’arrive ni à le concevoir, ni à le rédiger. Ses doigts tremblent au point qu’il ne peut plus écrire, même sa parole est confuse. Lenteur. Il cherche ses mots et ne les trouve pas. Il transpire, il se plaint. On le réconforte, on lui donne un peu d’alcool et, ses forces revenues, il se met à dicter. Hélas ! il hésite, il balbutie, il bafouille. La petite société s’échine, discute, refait les phrases, les paragraphes. Enfin, d’élaborations pénibles en corrections pesantes, on achève un texte gélatineux, atterrant. Si ce galimatias exprime la pensée de Mao, alors la pensée de Mao est foutue et la Révolution sera une fausse couche.



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